Il était une fois Albert Raisner / Biographie* "Albert nous a quitté, à l'aube de ce premier janvier 2011, dans sa 89ème année... après une vie riche en émotions, en découvertes et en musique. Une vie dévouée à l'harmonica, instrument si cher à son cœur, à son public, et à ses enfants. Nous sommes heureux, en son nom, de la joie qu'il a pu procurer à ceux qui le suivaient et de la contribution qu'il a pu apporter au développement de l'harmonica.
Et nous te remercions, papa, pour tout l'amour que tu nous as donné.
Tes enfants,
Rémy et Richard"
Le temps passe et c'est bien ainsi... avec le temps faut laisser faire comme le disait si bien Léo Ferré, cela permet à la légende de perdurer et au mythe de s'installer confortablement ad vitam aeternam.
La planète Harmonica est en deuil. Il m'échoit de vous parler d'Albert, ce que je vais tenter de faire, avec l'aide précieuse de mes souvenirs.
Autant commencer par un dénominateur commun, les Scouts. Lui et moi sommes passés par les joies partagées du feu de camp en musique, à l'harmonica, avec les copains de veillée, un moment de vie... Albert me confia un jour : « c'est d'ailleurs le cercle fraternel autour des feux de camps qui m'inspirera, bien plus tard, l'idée d'installer le public en hémicycle pour mes émissions de TV ».
J'avais à peine 17 ans lorsqu'au cours de la fête annuelle de mon groupe scout (Jacques Cartier), Roland Dhordain**, fondateur de FIP et France Inter, impliqué lui aussi dans le mouvement scout, vint nous voir à la fin de notre prestation avec mon premier trio (Les Vagabonds de l'Hudson), nous interpellant en ces termes : « Bravo les gars, il faut absolument que vous alliez voir mon ami Albert Raisner qui a créé un club d'harmonica, le CHARM, rue des Petites Écuries ».
Sitôt dit sitôt fait ! Nous nous rendîmes mes partenaires et moi en ce début d'année 1947 au CHARM où nous fûmes chaleureusement accueillis par Albert et Robert Deasey, alors directeur technique du Club dont la devise était : « Pour chasser tous les tracas, jouez de l'harmonica ».
Je vais évoquer maintenant avec vous le parcours d'un homme d'exception qu'il m'est arrivé de croiser souvent au fil du temps, 63 années durant.
Albert Raisner, Rufenach pour l'état civil, issu d'une famille modeste, est né à Apolda en Allemagne le 30 septembre 1922. Tout en suivant avec succès des études secondaires et plus tard supérieures, il est initié dès son enfance à la musique par son père qui l'oriente vers le classique. Albert va étudier le violon, le piano, la guitare, la contrebasse et la clarinette.
Mais, enfant à Montmartre, il va vite avoir un penchant pour les instruments marginaux tels le jazzo-flûte, le mirliton, la scie musicale... et l'harmonica ; ce qui fera dire à son père que ce dernier est un instrument tout juste « bon à faire danser les chèvres ».
Ayant acquis une solide formation classique il va se mettre, au cours des années 30, à étudier sérieusement l'harmonica chromatique au sein d'une association de scouts « Association Française pour l'Expansion Musicale », dirigée par Charles Rodriguez, monsieur « Ro » (accordéoniste, guitariste, violoniste, homme orchestre, philosophe), premier pionnier de l'harmonica en France. Grâce à lui, et en compagnie de Danny Kane, Jean Wetzel, Georges Naudin, Zappy Max, autres élèves assidus du « studio de Monsieur Ro » (situé rue des Petites Écuries, à Paris), Albert va atteindre un niveau professionnel qui n'aura de cesse de s'améliorer au cours de spectacles dans lesquels il va se produire ici et là. « A Pigalle, vers 18h30, se tenait le marché aux musiciens, j'y fus souvent acheté pour quelques bals occasionnels où je tenais divers emplois (avec une préférence pour la contrebasse, parce que c'est l'instrument qui joue le moins de notes et que je pouvais m'appuyer dessus lorsque vers 3 ou 4 heures du matin la fatigue me gagnait !). Parfois je sortais mon chromatique pour un swing ou une valse musette. Surprise et premiers bravos ! », me confiait-t-il lors d'une interview.
Albert gardera toujours une tendresse particulière pour Charles Rodriguez lequel prendra sa retraite en Bretagne au cours des années 40.
Que dire du parcours universitaire d'Albert Raisner, sinon qu'il sera couronné par un doctorat en philologie, dont la thèse soutenue, en anglais, avait pour titre : « Les apports de Geoffrey Chaucer (1340/1400) au vocabulaire anglais ». Notre éclectique Albert était un passionné des langues étrangères, il en parlait 8 ! Il sera professeur d'allemand l'espace de quelques mois, la priorité des rendez-vous musicaux le contraindront à abandonner cette voie. Sa passion linguistique, sa facilité d'accès aux langues étrangères vont lui permettre d'entamer une brillante carrière artistique internationale, il sera toujours à l'aise là où il se trouve. Il en sera récompensé se voyant décerner l'Ordre de Chevalier du Mérite. Mais il n'en restera pas là, il se consacrera plus tard à la philologie patronymique (l'origine des noms de famille).
Dans un autre domaine, Albert, toujours soucieux de sa ligne, était un grand sportif. Il fut champion universitaire du 100 mètres nage libre, c'était aussi un assidu du footing dans le bois de Boulogne.
J'en reviens à l'harmonica... Nous sommes en 1945 à Paris, après Zappy Max leur brillant prédecesseur, les assidus de la période Rodriguez vont tous refaire surface, à commencer par Albert Raisner qui va fonder le Club de l'Harmonica, le CHARM qui s'installera définitivement dans les locaux d'Hohner France, rue des Petites Écuries (rue décidemment placée sous le signe de l'harmonica). L'idée de créer un trio d'harmonicas qui lui trottait dans la tête va vite se concrétiser. Sollicité par Sirio Rossi, en quête d'orchestre lui aussi, l'affaire ne va pas traîner. Adrien Belin va se joindre à eux en tant que bassiste. Sirio, musicien accompli (excellent guitariste), alternera le chord et le solo avec Albert. C'est ainsi que va naître le célèbre Trio Raisner... qui n'étaient pas trois frères, ainsi que le croient encore certains de ses fans !
Deux ans plus tard, un dynamique danseur de claquettes, Astair Day (André Dionnet), va prendre la succession d'Adrien Belin à la basse. La différence de taille existant entre les trois (André mesurant un mètre ciquante et un, Sirio un bon mètre quatre vingt dix), va naturellement générer un jeu scénique dans la pure tradition music-hall.
Dans un premier temps, fin des années 40, le trio va se produire dans les "U.S. Special Service Shows" (tournées pour l'armée américaine), au cours desquelles il va côtoyer des noms fameux : Marlène Dietrich, Mickey Rooney, les Max Brothers, Louis Armstrong, Frank Sinatra, etc. Le Trio Raisner va désormais voler de succès en succès. De retour à Paris, c'est à Saint Germain des Prés qu'on le retrouve, quartier alors très animé, rendez-vous culturel avec ses caves à la mode où l'on danse le Be Bop accompagné par de célèbres musiciens jazz.
Le Trio Raisner fréquentera alors le Vieux Colombier dans la désormais célèbre cave de ce théâtre, fief à cette époque de Claude Luter, Sydney Bechet et autres jazzmen.
Arrivent les années 50, on le retrouve à l'affiche de l'Olympia, de Bobino, de l'ABC, des Concerts Pacra ; mais aussi à la radio, dans une émission sur France Inter (Paris Inter à l'époque), également sur Europe 1 et radio Luxembourg, ainsi qu'en témoigne son abondante discographie*** et les nombreuses vidéos qui circulent sur internet.
Le trio intervient dans plusieurs films allemand et français.
En 1953, il obtient le grand prix du disque de l'Académie Charles Cros.
Le CHARM de la rue des Petites Ecuries va devenirs la plaque tournante de l'harmonica en Europe, tout un environnement y contribuera, à commencer par le soutien de la maison Hohner, de son directeur Jules Coulon et de son frère Yves, mais surtout grâce au dynamisme d'Albert Raisner, autant de facteurs qui vont conduire , à son initiative, à la création de la FIH (Fédération Internationale de l'Harmonica), qui verra le jour le 3 octobre 1950, à Trossingen, Allemagne (mythique siège mondial de la société Hohner). De là naîtront les festivals internationaux, tel celui de la salle Pleyel à Paris, en 1950, ainsi que les premiers Championnats du Monde de l'Harmonica****.
Dès lors le CHARM va accueillir en ses locaux le gratin de la planète Harmonica ; le bar du club (autre initiative conviviale d'Albert, sponsorisée par une célèbre marque d'apéritif), recevra : Larry Adler, Danny Kane, Borrah Minnevitch, Toots Thielmans... Django Reinhardt, Claude Luter, et bien d'autres célébrités. J'étais un assidu de ces rendez-vous, accompagné de la chanteuse réaliste Gille, maman de nos filles. Ce bar, exclusivement réservé aux adultes, nous ouvrait ses portes en soirée une fois par mois... dans la mesure des disponibilités d'Albert.
Puis le fil du temps va nous entraîner inexorablement vers la fin des années 50. A partir de 1955 une nouvelle vague, un tsunami universel va révolutionner le monde de la musique : le « Rock and Roll », phénomène intemporel qui n'a pas pris une ride de nos jours.
Gene Vincent et ses Virginians (Be Bop a Lula), Bill Haley et ses Comets (Rock Around the Clock), Elvis Presley vont nous mettre le feu ! Albert craque, le trio Raisner va emboiter le pas au rock, le répertoire du trio va s'orienter vers un nouveau style plus scénique, incluant parfois d'autres musiciens. Tel un Gene Vincent, Albert va monter sur un piano pour exécuter un chorus qui déménage, il en sera de même pour Sirio à la guitare, André nous gratifiera de rocks endiablés (séquences vidéo que l'on retrouve dans internet). Désormais un tournant est pris. Â Londres, Albert et le trio en remettront une couche, ils enregistreront « Rock Around The Clock » et « Don't be Cruel ». D'autres trios d'harmonicas en feront autant en France. Plus tard, la maison Hohner produira un « Marine Band » à l'effigie des Beatles.
Arrive 1958, là Albert va faire très fort avec un Tour de France de l'harmonica dont on parle encore dans les chaumières ! Un véritable marathon relayé par les médias avec, entre autres, une émission radio hebdomadaire, « Trois Hommes Trois Harmonicas », diffusée avec la complicité de Dany Kane sur RTF France Inter, seule chaîne parisienne de cette époque. Bernard Deharbre et Michel Evain prendront également part au lancement de cette émission.
Mais le vent va tourner, d'autant que le CHARM de la rue des Petites Écuries va disparaître, Hohner va déménager pour s'installer rue Van Loo dans le 16ème arrondissement, dans un immeuble austère « sans CHARM » ! Ayant pour seul survivant des fifties le sympathique Helmut Hohner, accordeur, réparateur de génie.
Nous sommes en 1960, Albert Raisner va s'accorder un break, un temps de réflexion durant lequel il présentera sur France Inter « Le jeu des 1000 Francs ». En homme d'affaires avisé il sent bien que les temps changent et que plus rien ne sera jamais comme avant. Après mûre réflexion il va dissoudre son trio et miser désormais sur l'éclosion de la télé. S'inspirant du succès recueilli auprès des jeunes par Daniel Filipacchi sur Europe 1, avec son émission « Salut les Copains », il va miser lui aussi sur la jeunesse et se fixer pour objectif d'entreprendre la même démarche sur notre bonne vieille télé, alors dotée seulement d'une chaîne, en noir et blanc !
Pari gagné dès la première d'Âge Tendre et Têtes de Bois. La télévision ne disposant pas encore de studios pouvant accueillir le grand public, cette première émission, ainsi que les suivantes, eut lieu en direct du Golf Drouot, le 30 mai 1961, animée par Eddy Mitchell et ses « Chaussettes Noires ». Le ton est donné, avec un public jeune et follement enthousiaste, dansant le twist sur le plateau !
Succédant à « Chouchou » et « Yéyé », les mascottes de " Salut les copains ", Albert invente Tête de Bois , petit bonhomme échappé d'un dessin animé auquel il va prêter sa voix.
Avec un sens inné de la logistique événementielle et sa faculté de s'adapter d'ores et déjà à toutes situations inhérentes au direct, il n'est pas exclu de considérer qu'Albert aura été le précurseur des émissions de variétés télé en France. La preuve en est que son émission figure dans le top 5 des meilleures émissions de variétés du siècle passé.
Âge tendre disparaît en 1966. Rebaptisée « Tête de Bois et Tendres Années » l'émission disparaît définitivement en 1968, après les événements du printemps.
Albert animera d'autres émissions, comme " Europarty ", " Point Chaud " où il recevra Jimmy Hendriks, puis " Tremplin 80 " et " Salut à l'Accordéon ".
Pendant plus une décennie, bon nombre d'artistes vont défiler sur les plateaux de ses émissions (et y faire leur premiers pas pour la plupart d'entre eux), entre autres : Johnny Hallyday, Eddy Mitchell, Dick Rivers, Sylvie Vartan, Sheila, Alain Barrière, Claude François, Richard Antony, Marcel Amont, Jacques Brel, les Beach Boys, Michèle Torr, etc...
Le 13 juillet 1979, Albert épouse Brigitte Konjovic, ils auront deux fils, Rémy et Richard.
La fin des années 80 et le début des années 90 vont modifier la donne avec l'amélioration des communications, l'avènement d'internet et la naissance concomitante de l'IHO (International Harmonica Organization). Je suis reconnaissant envers Albert, fervent précurseur de la relation internationale, de m'avoir vivement conseillé d'adhérer à cette association dont je devais devenir plus tard vice président Europe. Ce qui nous amènera lui et moi à nous revoir plus souvent. Dès lors, je ne manquerai pas de le tenir au courant du pouls de la planète Harmonica. Ainsi que l'occasion m'en fut donnée à mon retour de la convention SPAH (Society for the Preservation and Avancement of the Harmonica) à Memphis USA, en 1994, au cours de laquelle Jerry Murad me chargea de remercier Albert pour tout ce qu'il avait fait pour la bonne cause de l'harmonica. Ce que je fis dès mon retour à Paris lors d'une émission « Salut Albert » que nous fîmes ensembles à Radio Montmartre.
Albert sera le Président d'Honneur du Festival International FIH/IHO d'octobre 1999, ainsi qu'en témoigne la photo, ci contre, prise sur le Bateau Mouche au cours du dîner concert de ce Festival. Photo symbolique sur laquelle apparaissent de gauche à droite John Walton (UK) président de l'IHO, Albert, fondateur de la FIH et votre serviteur.
Il sera un assidu de notre rendez-vous d'Automne, Harmo-Beaujo, auquel il prendra part jusqu'en 2002.
Que dire de l'homme de plume à l'écriture fluide donnant une impression de facilité, d'évidence. Outre ses écrits de philologie, son livre « Le Livre de l'Harmonica », paru en 1965 et publié aux éditions du Temps Passé, reste encore de nos jours la Bible de notre musique à Bouche. Autres livres : « L'aventure Pop », publié chez Laffont, sujet qui le passionnait dans le prolongement de son aventure « Rock », enfin, sa « Méthode Générale pour Harmonica » aux éditions Hohner, préfacée par Darius Milhaud. Sans oublier l'homme de presse avec, en 1950, la sortie de « International Harmonica Magazine » tiré à 20.000 exemplaires, 3 éditions (une en français, une en anglais, une en allemand), vendu dans les kiosques. Pendant plus d'une décennie Albert interviendra dans le magazine « Harmonica Accordéon et Musique », dont il fera à maintes reprises la couverture.
Un tel parcours mérite que l'on s'attarde sur la personnalité d'Albert. Ses qualités : je placerais en premier sa pugnacité alliée à une intelligence raffinée, qui vont lui permettre de mener bien l'ensemble de ses projets. Avec en plus une virtuosité dans la pratique du lobbying, notre Albert, charmeur, toujours tiré à quatre épingles, jamais pris au dépourvu, ne manquera pas d'attirer l'attention dans les salons et autres événements grand public. En pareilles situations on ne se fait pas que des amis ! Il n'en aura que faire, ignorant les critiques. En résumé on peut dire qu'il s'était aguerri à surmonter les obstacles, subtil comme un stradivarius, puissant comme une Ferrari. Un Albert auquel il arrivera plus tard quelque chose d'extraordinaire : « Mon harmonica ne joua plus que des berceuses ! Entre deux biberons il trouva quatre petites oreilles extrêmement attentives : Rémy et Richard m'étaient donnés comme un double soleil ! » (autre propos dont il me fit son confident lors d'une de nos rencontres). C'est là que l'on découvre la face cachée d'un autre homme.
Son état de santé s'aggravant, c'est à son domicile que j'allais dorénavant lui rendre visite lui rapportant chaque fois d'Allemagne des Klösse, plat germanique (gnocchis à base de fécule de pomme de terre), qu'il aimait tant. Je l'ai vu pour la dernière fois il y a près de deux ans, très affaibli par la maladie, cela ne nous a pas empêché d'évoquer ensemble quelques souvenirs de " notre siècle des lumières... " .
Écoutons Michèle Torr, ce matin pluvieux du 12 janvier 2011 :« Dans les années 60, il y avait deux émissions pour nous : à la radio c'était " Salut les copains " et à la télévision " Âge Tendre et Têtes de bois ". J'avais 16 ans, il était très tendre et paternel, il m'encourageait, me donnait des conseils sur ce métier, sur la façon de travailler, ayant beaucoup tourné avec son trio, il avait un sens inné de la scène... »
Dieu soit loué, les mythes sont immortels.
- Jean Labre
Photo : Michèle Torr entourée de Remy et Richard, fils d'Albert
* Le prochain numéro de la revue « Harmonicas de France » sera consacré à cette biographie d'Albert Raisner. Il paraîtra fin mars (tirage limité). Vous pouvez dès à présent le commander en vous adressant à : Harmonicas de France, 5 rue Alexandre Fleming, 66000 Perpignan France. Coût 8 €, port inclus. Attention, les adhérents de l'association Harmonicas de France vont le recevoir automatiquement.
** Roland Dhordain est décédé le 22 décembre 2010.
*** Le label ILD à réussi la remarquable performance de réaliser deux CD, compilations de l'essentiel de la discographie du trio. Ayant pour références : ILD642241 et ILD642289. Contact :
**** Championnats du monde d'harmonica, voir notre article http://www.jeanlabre.com/article.php?id=63, également paru dans notre revue N°12 Printemps 2008.
Photos : famille Raisner, revue Echos France Harmonica, France Harmonica, C. Heymans, J.F. Laurion.